Noir et amer
" Le récit... le récipient... tel une tasse dans laquelle fume le café, cet homme est noir dedans.
Légèrement, en lui, un liquide corsé. Cela tourne : l'homme est chaud bouillant.
Dans la douceur des tourments, cette chaleur cache un homme pas parfait mais charmant.
Attention !
S'il boue,
si-il-y-a-é-bul-li-tion,
il deviendra amer,
mare à boue,
marabou de mauvais goût et écœurant.
Alors des bords émaille et porcelaine, se dessinera, comme dans les films d'horreur, un sourire méchant et fou.
Mais il peut, aussi, noisette, trouver une crème, une femme de lait, pour apaiser sa haine dans une petite cascade de blanc.
Je suis témoin de cette tasse sur le fil du rasoir. Je suis femme qui regarde de haut cette histoire.
De mes danses dispersées, je me retourne souvent dans des mouvements amples, esquissés, pour vivre quelques secondes, amoureuse, blanche, finement drapée, l'envie d'y replonger dans mon homme noir de café. Mais, comme les pensées, je ne suis pas faite pour rester.
Cette histoire est triste mais éphémère. La voici finissant dans le fond d'un gosier content qu'elle soit forte et amer.