Dois-je y voir un autre mirage ?
Où sont les belles choses et les trésors inestimables ? Où sont les vies qui enivrent et les châteaux d'Espagne ?
Ce matin, sous la chape de plomb faite de tous les mirages qui forment le monde, je l'ai croisée. J'avais bien du mal à la regarder dans les yeux. Ce matin, sous ce plomb gravé, puisque c'est écrit, soufflaient des airs légers et je restais poli.
Je ne serais vous dire ce qui m'a touché. D'un coup, de elle vers moi, allèrent tourbillonant de fines électricités. Décharges. Je suis touché... et foudroyé... mais si légèrement...
Respirez et ne voyez ici rien de grâve, rien de bien méchant. Suite à notre rencontre, j'ai attrapé un petit rhume parce que, en y repensant, je ne parle plus et ma tête tourne.
Je me soigne maladroitement :je bois. Son souvenir est mon verre d'absinte. Et dans la flamme verte de ses yeux (souvenir vaporeux), dansent tant de couleurs, et elles s'en mellent, les féériques visions ! Je fais la grimace tellement son image pétille encore ! Comment oter de ma bouche ce souvenir en ébulition ? Comment ? Son corps... mais comment ?!
Je ne guérirais pas vite : mais, "malade comme ça !", en voilà un statu fort sympathique. Je peux vous le dire : "je reste et resterais un assuré social souriant."
Je continue. Je marche en sautillant. C'est ma rencontre qui reste sous mes pieds, qui brûle : il faut que j'avance, que continue à chercher.
Où sont les belles proses et mon trésor estival ? Où sont les vins de dérive et les conteurs en pagne ?
Toutes les belles choses... ai-je la force et le droit de les atteindre ?
Atteindre ces images que je crois percevoir au loin,
là-bas,
face à la mer,
là-bas,
à l'horizon : beautés lointaines ou reflet de la terre à qui je tourne le dos. Je m'arrête une seconde.
A La Réunion, on dit que tu te heurtes au bords de l'océan, lorsque tu vas tout droit. Dois-je continuer à la nage au risque de la noyade ou simplement continuer à tourner en rond ?
Mon île-manège...
et tout ces belles chimères au loin et dedans
qui malgré moi, constituent mon cortège.